artiste peintre * auteur
Editions Roche de Minuit
Cette vie artistique, que nous savons ne pas être la vraie, me paraît si vivante que ce serait ingrat que de ne pas s'en contenter.
Vincent VAN GOGH
284 pages * 21 x 15
Quelle motivation peut bien pousser un homme ordinaire à écrire son autobiographie ? Ni un éventuel narcissisme pas plus qu’une quelconque transmission prétentieuse de «l’image de soi» n’en sont les moteurs, mais tout simplement le désir de transmettre le témoignage d’un parcours mouvementé sur lequel chaque obstacle sera utilisé comme tremplin pour mieux rebondir et atteindre de nouveaux objectifs. Un itinéraire insolite dont les origines prirent racines sur les bancs de l’école et qui engendrera un combat de plus de quarante années.
Si la vie ne fait pas de cadeaux, malgré ses embûches, elle reste ce que l’on en fait. Tenter de convaincre les lecteurs qui en douteraient encore, telle reste ma modeste démarche... Extrait de mon roman autobiographique ITINERAIRE INSOLITE D'UN HOMME ORDINAIRE;
4ème de couverture...
Un enfant gaucher, condamné à user de sa «belle main» -la droite!-, un gamin puni, privé de passage du Tour de France, un adolescent de La Bresse avide de découvertes exotiques à dos de… vélo, un apprenti ravaleur de façades perché sur son échafaudage, un voyageur du facétieux train Remiremont-Neufchâteau, via Darnieulles, un adulte amoureux fou du théâtre et de… ses comédiennes, un artiste peintre à l’œil unique découvreur de ses paysages intérieurs, un guitariste de boîte et ses reprises de Brel, Brassens, Ferré, Nougaro, un décorateur du Grand Théâtre de Genève ébloui par «Turandot», «L’enlèvement au sérail» et l’«Arabella» de Richard Strauss, un chef d’entreprise releveur de défis, époux et père au cœur gros comme ça… tous personnages que l’auteur connaît bien d’un roman passionnant, celui de sa propre vie!
Des farces grivoises de Nancy aux aventures suisses, en passant par le ski dans les Vosges et les animations culturelles bressaudes, René Vincent-Viry nous révèle dans ce récit la source de toute énergie vitale, et invite à la promenade sur les voies infinies du cœur.
Action, réaction…
Qui veut… PEUT!
GL
Préface...
"Itinéraire insolite d'un homme ordinaire" n'est pas une biographie de plus dans le monde des écrits, c'est un cri du cœur.
Un homme singulier, nous parle en confiance, nous chuchotte à l'oreille ses choix de routes, ses doutes, ses émois. René Vincent-Viry nous donne l'impression de nous convier à sa table et nous livre avec honnêteté ce qui fut son chemin avec ses lignes droites, ses sinuosités et ses chemins de traverses.
Si ses méandres nous confient un désenchantement de ne pas toujours avoir été, c'est sans nul doute une profonde humilité qu'il nous livre et je crois pouvoir dire que cet homme là, en a bien plus dans sa besasse que certains de ses semblables. Peintre talentueux, homme de théâtre, décorateur, publicitaire, agent immobilier, et le voici maintenant écrivain. Qu'est-ce que René VINCENT-VIRY n'a-t-il pas fait ?
Mais finalement ce qu'il lui manquait, c'était la rencontre avec lui-même.
"Tenir" comme se nomme l'une de ses toiles ; "Tenir" sans jamais courber l'échine, même si les épreuves furent parfois nombreuses et les interrogations multiples. Il y a dans cet itinéraire là une véritable universalité. Chacun y puisera un morceau de sa propre trajectoire, le reflet d'un bout de sa propre vie. En cela, l'auteur aura réussi son pari.
"On dessine pour se trouver et on rencontre les autres" disait Louis Pons...
Là aussi, mission accomplie.
Lorsque vous refermerez cet ouvrage, vous aurez certainement l'impression de tout connaître de René. Pourtant je suis certaine que ce peintre écrivain a su taire tellement de choses encore que l'on croit les entendre. N'est-ce pas là le talent de son long récit ?!
Cette écriture, on le sent, est devenue sa délivrance et vous apprendra sans nul doute, à trouver la vôtre.
Quel que fut le passé, il est derrière lui. Qu'il fasse ce qu'il en sait, qu'il regarde, à présent devant lui et qu'il fonce...comme à vélo.
Sophie SAP
Extraits...
.../... À 20 h 15 la salle d’attente était fermée au public. Assis sur un banc, en bout de quai, dans le froid de la bise hivernale, je méditais. Les trois quarts d’heure d’attente étaient interminables. Mon moral dépérissait au rythme des aiguilles de la pendule surplombant les voies. Inexorablement, le tictac insensible à ma douleur m’entraînait dans les combes du découragement. À 21 h 07, comme un désespéré traîne sa misère, ma tristesse accablante me hissait péniblement dans le dernier autorail. Assis sur le strapontin près de la portière, la tête appuyée contre la vitre, impuissant, je m’abandonnais à ce train maudit. Il était l’un des derniers convois à quitter la gare. Son signal sonore caractéristique parachevait les ultimes agitations d’une ville enserrée par le triste engourdissement classique du dimanche soir. Le cynique coup de sifflet du chef de gare autorisant le train à partir me signalait une torture annoncée.../...
.../... Avec lenteur, le bruit du moteur s’amplifiait et étouffait les voix des voyageurs. Secoué par quelques hoquets, l’autorail s’ébranlait péniblement. Hypnotisé par ma détresse, je restais figé face au défilé des sombres silhouettes de wagons soudés à leurs butoirs; wagons qui se détachaient des lointains immeubles cloués dans la lumière. Furtivement, ces masses inquiétantes m’agressaient par saccades puis disparaissaient pour mieux revenir griffer mes pensées. Sitôt transformées en accablants ballots de marchandises puis en hauts poteaux signalétiques, elles reprenaient leur aspect initial en s’accrochant à une locomotive au repos. Répandues en amoncellements de ferrailles décomposées, elles se redressaient vivement pour prendre la forme inquiétante d’une cabane d’aiguilleur absent. Ces sinistres fantômes me frappaient au visage, s’agitant plus vite encore lorsque l’accablant omnibus prenait un peu de vitesse. Soudain, pourchassés par des galops de blêmes lumières, ces spectres s’éclipsaient et brusquement réapparaissaient métamorphosés en pâles reflets, toujours de pair, sautillant de rails en rails, de voies en voies, tentant en vain de me larder le regard jusqu’à ce que le noir absolu parvînt à les envelopper dans son sinistre linceul. .../...
.../... Dans le reflet de la vitre, je tentais d’apercevoir le tendre regard d’une fille amoureuse croisant celui de son fiancé, manière d’accéder en secret à une inaccessible quête au bonheur, de voler discrètement un peu de leur bonheur. Les rires, les paroles ou les cris des autres voyageurs m’agaçaient. Je les enviais et je les détestais, uniquement parce que je les imaginais, eux, rentrer dans leur foyer après un dimanche radieux. À cet instant précis, toute personne qui me semblait heureuse provoquait en moi un sentiment de jalousie qui se transformait en forme de mépris, puis de dégoût, puis de haine; sentiment qui se reportait aussitôt sur ses conditions absurdes d’apprentissage qui m’avaient entraîné dans cette insupportable vie de merde. La faible lumière du compartiment m’aidait à dissimuler les larmes qui pointaient aux coins de mes yeux. La grisaille cette fois était bien là. Dans ma tête comme dans la plaine, une brume recouvrait à ce moment-là tout désir d’allégresse. Je suppliais le ciel que ce maudit train ne s’arrêta jamais, ou alors qu’il repartît en sens inverse. .../...
.../... Pareilles à des lucioles, les discrètes vagues du Lac jouaient à cache-cache avec les ombres rasantes. Un cygne se laissait porter par les calmes remous, plongeait sans hésitation la tête au fond de l’eau pour y extraire quelques vers condamnés, la ressortait avec fierté en me lançant un regard prétentieux. Manière de le défier, je lui souris, il m’ignora. Quelques clapotis expiraient contre un rocher. Une brise me caressait le visage et m’offrait avec délicatesse les premières senteurs printanières. C’est vrai qu’elle était belle cette région. De sa voix de baryton, étendard au vent, le bateau d’une compagnie franco-suisse lança un long appel puis deux autres plus courts. Dans quelques minutes, il accosterait à Thonon et libérerait les habituels frontaliers travaillant à Lausanne. Ah, les frontaliers!… Venant de nulle part, glissant sur les eaux bleues et or, un aviron filait au rythme des ordres jaillissant du porte-voix d’un capitaine déterminé. A chaque signal, les six hommes d’équipage s’avançaient dans une parfaite concordance. Parachevant cette chorégraphie, les douze rames sortaient de l’eau pour fendre à nouveau la surface à l’instant précis où les six bustes reculaient sous un autre signal rugissant. Je ne sais pourquoi je ne pus détacher mon regard de cette embarcation à la fois bruyante et silencieuse jusqu’à l’instant où elle se confondit avec les lointains immeubles flanqués sur le rivage opposé. Peut-être espérais-je voir mes tourments s’enfuir avec elle?
Le cygne avait disparu, le soleil aussi. Je m’assis sur un banc isolé. Dans mon dos, bien au-delà de la vallée du Chablais, le Mont Blanc troquait lentement sa parure immaculée contre un voile s’évaporant en un dégradé d’orange cadmium à un jaune miel. Tentant de résister majestueusement à l’ombre envahissante, le toit de l’Europe me guidait dans ma réflexion et me soutenait avant qu’une nuit s’annonçant accablante ne m’ensevelisse.
Les larmes embuèrent mes yeux. Dissimulées par la nuit, je les laissai couler.../...
.../...
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